AU JARDIN D\'UNE PLUME

AU JARDIN D\'UNE PLUME

Divers et d\'été 2

 

En rentrant dans la pièce,

Je n'ai pas su te voir,

Petite ombre d'un soir

A moitié effacée.

Et puis je t'ai décelée,

Rabougrie au coin du canapé

Dans ton immobile silence

Et ta grise transparence.

Tu étais un éventail usé et replié,

Un regard las et fané

Aux paupières alourdies.

Tu étais une chaumière dans la nuit,

Ebréchée, surannée, résignée

Qui se confondait avec l'obscurité.

Mais l'intérieur était tout arrosé

D'une lumière douce et tamisée.

J'aurais voulu y entrer.

J'aurais voulu lisser

La froidure de ta peau.

J'aurai voulu sourire à

A ton attendrissante demie présence

Qui glissait comme un bateau

Entre sommeil et rêverie.

J'aurai voulu cueillir

Une poignée d'eau bénite

Dans le mince filet de ta vie

Qui coulait de la nimbe de ton passé

Vers un demain indécis.

Je t'ai croisé en feignant t'ignorer

Et pourtant que je t'aimais !

 



 

Tes gestes se sont fermés.

Tes yeux ont fini de chanter.

Leur musique s'est cassée

Au va et vient du temps.

Tes paroles se sont glissées

Dans les ombres du courant.

Tu es devenue

 Une pelote de laine qui coule

 





Tristesse.

Elle découd l'ourlet

De la robe du soir.

Elle met de la glace

Dans ses bouillottes

Et boit des tisanes

Au parfum des regrets.

Nuit froide et noire.

 

 

 

PORTRAIT CHINOIS

 

Si j'étais animal,

Je serai chat.

Indépendance et douceur.

 

Si j'étais fleur,

Je serai glycine

Aux grappes mauves et lutines.

Elle sucre mes souvenirs

Avec le tilleul

(C'est l'arbre que je serais)

Miel d'une évasion

Vers le jardin de mon enfance.

 

Si j'étais maison,

Je serais le moulin de Daudet

Dans le soleil de Provence,

La lavande et le silence.

 

Si j'étais artiste,

Je serais Dali.

Luxuriance et folie.

 

Si j'étais véhicule,

Je serai bateau.

Errance sur l'eau.

 

Si j'étais tissu,

Je serais rubans.

Flots qui tintinnabulent

En raillant la monotonie.

 

Si j'étais objet de déco,

Je serais bougie

Chuchotis dans la nuit

Mystère d'un halo.

 

Si j'étais couleur,

Je serais violet,

Teinte du rêve

Au goût de ciel.

 

Si j'étais jardin

Je serais bassin

Où le calme se désaltère

Entre les nénuphars.

 

Si j'étais  métal,

Je serais ferraille

Que le temps a peint

Aux teintes automnales.

 

Mais si j'étais saison,

Je serais printemps

Avec ses sourires de fleurs

Et ses jardins qui se réveillent.

 

Si j'étais pierre,

Je serais simple caillou

Qui dessine sa rondeur

Au fil du temps.

 

Si j'étais bijou,

Je serais boucle d'oreilles,

Mes compagnes frivoles.

Cliquetis de pacotille.

 

Si j'étais instrument de musique,

Je serais guitare

Aux cordes nostalgiques

Cueillant des étoiles tziganes.

 

Si je sortais d'un livre,

Je serais le petit Prince

Voyageant vers l'Essentiel

Invisible pour les yeux

 

Si j'étais pays

Je serais l'Inde

Un monde étrange

Un bain d 'éternité

Où l'on plonge avec les dieux.

 

Si j'étais…

Quelques images,

De mon puzzle infini

Se posent sur le rivage

Pour esquisser mon portrait.

 

 

 

 

Tes pantoufles.

 

Elles sont là,

Serrées l'une contre l'autre,

Les deux petites vieilles.

Tout près, deux amis

Leur font de l'œillet.

Ils ont roulé leur bosse

Dans la boue et la poussière

Et leur racontent la terre.

 

Elles, les petites vieilles

Qui ne quittent pas le foyer

Parlent d'une voix feutrée

Et rêvent, sans doute, de jardin.

 

Deux jeunes galopins

Leur tirent la languette.

Sportifs, ils trépignent d'inactivité.

Ils aiment aller sur la route

Au pas de course,

Insensibles aux cailloux.

 

Elles, fragiles et douces,

Qui toujours traînent la savate,

Elles sont dans leurs petits souliers,

Devant tant de vivacité.

 

Les deux citadines,

Sont parties avec toi.

Bon chic, bon genre,

Elles s'habillent de cuir

Se parfument de cirage

Et suivent les chemins battus.

 

Elles, les deux petites vieilles,

Elles sont délicieusement bohèmes

Et de haillons vêtues.

Leur plaisir c'est frotter leur ventre

Contre tes plantes

Et se balancer au bout de tes orteils.

 

Quand tu reviendras à la maison,

Elles te souriront de leur bouche édentée,

Tu glisseras dans leur chaleur

Où « semelle » un air de liberté.

Je crois qu'elles prendront leur pied !

 

Peut être qu'un jour,

Las de cette tendresse usée,

Tu les abandonneras

Mais au pied de mes vers,

Les deux petites vieilles

 Resteront des pantoufles éternelles.

 

 

 

 

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07/10/2007
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