AU JARDIN D\'UNE PLUME

Elle assoit sa flétrissure

sur le bout de sa présence

comme une feuille morte

se pose sur le sol.

Elle regarde juste

le temps qui passe.

Les pigeons viennent

picorer sa lassitude.

Ce n'est qu'une note

sur la portée du banc.

Elle suit des yeux

son enfant soleil

parmi les papillons

s'envolant

sur les balançoires,

gravissant les barreaux

vers le ciel ...

L'insouciance pétille

dans l'aire de jeux.

Et elle sourit.

Seule sur le banc

elle creuse la place

à côté d'elle

à la pelle des souvenirs.

Elle l'avait appelé Myosotis

car son cœur

était fleur bleue.

et ses yeux

en avaient la couleur

et la pétillance

quand il souriait.

Un forget me not

qu'elle avait cousu

avec un fil d'azur

dans ses pensées.

Le nez dans son livre,

il lève l'encre

pour un ailleurs.

Alentours, l'agitation

lui tappe sur l'épaule

Des moments de répis

le ramènent sur le banc .

Sa lecture est parsemée

de points de suspension

qui bougent autour de lui .

Il aime ce clapotis de la vie

quand il effeuille une histoire.

Sur le banc, il dort

à la mauvaise étoile,

la tête sur son sac,

le corps patraque.

Sur son lit de misère,

il entrevoit

le petit jour

d'un rêve.

Assis côte à côte

main dans la main,

ils nouent

un pont des sourires .

Un morceau d'Eden

remplit leus yeux.

Le parc fleure

la douceur.

Elles gazouillent

sous le soleil

Les paroles

comme un ballon

passent

de l'une à l'autre.

Leur rire réveille

le gros chêne

somnolent.

Elles se mélangent

aux fleurs du printemps.

Calé au fond du banc,

il pêche des émotions

et en fait des mots

dont il couvre

le papier blanc.

La coccinelle

devient goutte de sang

pour abreuver l'amant

et la brindille

un cheveu de fille...

Il ramènera chez lui

la nature vivante

entre les pages

de son carnet.

Il l'attend.

Son pied toque la terre

déjà tassée.

Le temps lambine

le long des allées.

Son cœur répète

l'image

de celle

qui va venir.

Il est en apnée

dans la préface

de la lumière.

Dans le chant végétal,

les bancs

sont des silences

entrouverts

pour accueillir

les histoires

et les rêves.

        Roseline.